Le Piéton Grognon
Le piéton grognon arpente les trottoirs de Paillencourt et il trouve toujours quelque chose à dire…
Pour beaucoup d’entre nous, grogner, c’est devenu une passion. Covid, année présidentielle, météo maussade…
Tout est là pour qu’on se plaigne! Malgré les éternels satisfaits qui cherchent toujours à nous tirer vers le haut, on arrive tout de même à se gargariser de petits malheurs : marcher dans une crotte juste à côté de la poubelle dédiée, admirer ce masque oublié sur le trottoir, contempler cette unique mauvaise herbe qui pousse vite, mais pas autant que la mauvaise foi, se plaindre de ce qui n’est pas fait sans voir ce qui est fait, subir ce coq qui chante, ce klaxon qui klaxonne, cette tondeuse qui tond, cette mouche qui se mouche…
Que ferait-on sans tous ces petits désagréments ? On serait sûrement tranquilles, plats, morts d’ennui, à contempler le vide…
Alors parfois, on peut agir et se baisser pour ramasser ce qui traîne et parfois on doit subir et laisser le temps passer. Mais si on se contente de contempler sans profiter de la beauté du reste, le temps s’étire comme nos rides et plus rien n’est jamais futile.
On s’«emmerde».
Alors du coup on ne regarde plus l’abeille du coin, on n’entend plus le rire du petit, on ne voit plus le ciel tellement bleu au-delà du nuage.
Quand le seul bonheur vient de la mélancolie, le temps est long. Après tout ce n’est pas si mal, ça nous donne encore plus d’espace pour nous plaindre… et pour nous ennuyer !
“Les passions font moins de mal que l’ennui, car les passions tendent toujours à diminuer, tandis que l’ennui tend toujours à s’accroître.”
Jules Barbey d’Aurevilly
Bien à vous, Le piéton grognon.